George Clooney et Julia Roberts dans un thriller dénonçant le monde de la finance, et filmés par Jodie Foster? Mais oui, j'y cours! Pardon, c'est mon côté naïf qui ressurgit. Il arrive par moment que cette bonne vieille innocence refasse surface chassant d'un revers de la main le garçon un peu blasé par le contexte cinématographique ambiant que je suis. Au premier abord, cette entreprise menée par ce trio de choc m'avait tout l'air d'être tout-à-fait honnête et me promettait un retour vers un cinéma classique, parlant avec force, humour et dynamisme de sujets sérieux. Qu'en a-t-il été finalement?

De quoi ça s'agit?
Le présentateur Lee Gates (G. Clooney) en charge de l'émission "Money Monster" est pris en otage en direct par Kyle, un spectateur. La réalisatrice du show Patty Fenn (Julia Roberts) décide de continuer la diffusion du direct...

Alors on va être franc, "Money Monster" est un film de bonne facture. Son entame s'avère être tout-à-fait pertinente dans le fait de montrer toute la frénésie, un peu vaine, du monde de la télévision et certains de ses rouages. Une entrée en matière efficace qui remplit parfaitement son contrat dans la présentation du contexte et des personnages. En quelques phrases, on comprend tout de suite qui est qui et quels sont les enjeux. La réalisatrice nous gratifie d'un montage alterné, encore une fois, efficace et l'entrée du troisième personnage Kyle (joué par Jack O'Connell, excellent) arrive à point nommé. On sent alors la tension, l'angoisse et l'inquiétude.
Mais alors que tout se passait plutôt bien, arrive le moment fatidique qui m'a totalement sorti du film. C'est là que j'ai réalisé que l'ensemble de cette "œuvre" n'était qu'une supercherie et que les vraies raisons du film s'avèrent être bien plus pro-système. L'intervention de la femme du "terroriste" va totalement changer la donne et la bien-pensance américaine va alors reprendre ses droits. Les gentils seront encore plus gentils et le méchant sera méchant mais pas trop, mais un peu bête quand même. Bon sang de bois, avec un pitch pareil, il y avait de quoi enfoncer les quelques costards-cravattes qui se gavent et montrer ainsi comment ils ont la capacité de faire s'effondrer une société entière. Plutôt que mettre en avant Kyle, l'élément déclencheur, celui qui vient tirer la sonnette d'alarme en disant "Hé oh, c'est avec notre pognon que vous jouez là. Faites un peu attention, il s'agit de toutes nos économies, quand même.", ce sont les représentants du système eux-mêmes, campés par les stars du film, qui reprennent le dessus. L'un parce sa vie est en jeu et l'autre par cela va faire de l'audimat. Un tel spectacle de cynisme me donne la nausée...
Sans parler d'un manque cruel de dramatisation sur le parcours de Kyle qui, une fois l'histoire terminée, sera tombé dans l'oubli le plus total. C'est peut-être là, le vrai point fort de "Money Monster": la sur-médiatisation amenant à la banalisation d'évènements de plus en plus surréalistes. Seulement, le moment dure 10 secondes et la dernière scène finit de m'achever complètement, tant elle tombe dans la complaisance et "Ne vous inquiétez pas, les gentils vont restés ensemble et vont se serrer les coudes et affronter cette vie tellement dure".
Quelle a été l'ambition de Jodie Foster dans ce film? Quel est le message qu'elle voulait transmettre? Peut-être aurons-nous la réponse, un jour...   


Au final...
Si le projet de départ s'annoncer très alléchant, le résultat en est tout autre. Que ce soit Jodie Foster ou une autre personne, la mise en scène se révèle très classique et certainement trop pour un sujet pareil. Servi par des acteurs faisant très bien le boulot (Clooney et Roberts) et un au-dessus des autres (Jack O'Connell) mais qui sera vite relayé au second plan, parce que c'est Hollywood, "Money Monster" ne restera malheuresement qu'un thriller de plus, donnant dans la bienséance et le bon sentiment alors qu'il aurait dû bousculer et dénoncer. Dommage...

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